Importante mobilisation pour que vive la Culture
Ils étaient 8000 artistes et professionnels du monde de la culture et du spectacle rassemblés à Paris, sur la place de la Bastille, ce 15 décembre. On en comptait des centaines d’autres dans plusieurs villes de province. Musiciens, acteurs, danseurs, techniciens, se sont mobilisés à l’appel notamment de la fédération FO des syndicats du secteur, avec le soutien de la confédération FO. Leurs revendications? La réouverture immédiate des établissements artistiques et culturels, tels que théâtres, cinémas, salles de concert, mais aussi davantage de soutien financier de la part de l’État pour compenser les pertes déjà accumulées au cours des derniers mois et garantir l’avenir.
Après dix mois d’inactivité, ils espéraient pouvoir de nouveau travailler, retrouver leur public, faire vivre leur art et en vivre, à partir de ce 15 décembre. Au lieu de cela, les artistes et professionnels du spectacle ont dû rendre audible et visible leur colère. Une colère forte, provoquée par la décision du gouvernement de ne finalement pas autoriser la réouverture des lieux de cultures à la mi-décembre, estimant que la situation sanitaire ne le permettait pas. Le Président de la République avait laissé espérer cette ouverture lors de son allocution du 24 novembre.
Aucune concertation avec les organisations professionnelles
Alors que tout était prêt pour une réouverture raisonnée et raisonnable, dans le plus pur respect des gestes-barrière et protocoles sanitaires en vigueur, comment ne pas être révolté par cette décision, prise sans aucune concertation avec les organisations professionnelles?
, réagit la Fédération FO des Arts, des spectacles, de la presse, de la communication et du multimédia (FASAP-FO), qui a demandé qu’une délégation soit reçue en urgence par le Premier ministre.
Des dizaines de milliers d’emplois menacés
Et d’alerter, dans son communiqué d’appel à la manifestation : Déjà, des entreprises de spectacles annoncent qu’elles risquent de fermer si cette situation devait perdurer, avec à la clef des dizaines de milliers d’emplois intermittents mais aussi permanents en jeu. Le public a besoin de nous, mais nous avons aussi besoin de lui car nos spectacles, nos concerts ne prennent sens que par sa présence. Les français ont besoin de culture, et le réclament fortement
.
La culture, nourriture essentielle
, On va mourir et même pas sur scène
, Le spectacle rend vivant
ou encore L’art est une arme de construction massive
… À Paris, où 8000 personnes se sont rassemblées sur la place de la Bastille, cela avec la participation du secrétaire général de la Confédération FO, Yves Veyrier, venu apporter son soutien aux artistes, les pancartes brandies par les manifestants autour des banderoles syndicales étaient sans équivoque.
Réouverture et aides financières : les revendications de FO
Face à la mobilisation du secteur, le premier ministre Jean Castex a promis une rallonge de 35 millions aux aides déjà allouées depuis le début de la crise sanitaire. Mais cela est loin de tout régler. Le SNLA-FO revendique ainsi la compensation de l’intégralité
» des pertes de salaires et d’exploitation des compagnies, théâtres et productions indépendants. 90% des compagnies indépendantes n’ont pas de fonds propres et elles sont les grandes oubliées de la crise
, rappelle Roland Timsit, acteur, metteur en scène et secrétaire adjoint de la Fasap-FO.
Autre exigence : que soit prorogée la possibilité accordée aux intermittents du spectacle d’être indemnisés par l’Assurance chômage même sans avoir travaillé les 507 heures normalement exigées entre deux dates anniversaires. Pour l’instant cette possibilité n’est en effet prévue que jusqu’à fin août 2021. De plus, les artistes FO rappellent qu’ils revendiquent aussi l’abandon de la réforme du régime général de l’Assurance Chômage qui couvre les intermittents du spectacle dans le cadre de ses annexes 8 et 10.
Enfin, souligne FO, les petites structures indépendantes n’ont pas les moyens d’engager des campagnes publicitaires. Pour elles, la représentation devant un public est le seul moyen de faire connaître un spectacle.
EVELYNE SALAMERO Journaliste à L’inFO militante