Yves Veyrier sur Sud Radio 15/02/2021
Yves Veyrier, secrétaire général de Force Ouvrière était l’invité ce matin, lundi 15 février, du “petit déjeuner politique” dans l’émission “Le Grand Matin” présentée par Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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Le télétravail reste la norme en France, mais le gouvernement a mis un coup de pression sur les entreprises après une baisse du nombre de télétravailleurs. “Le télétravail aujourd’hui, c’est du travail à domicile imposé”, souligne Yves Veyrier. Il vise à “limiter le flux de personnes, ou la densité de personnes, sur le lieu de travail et dans les transports en commun”.
Un télétravail avantageux pour tous ?
Toutefois, le travail à domicile de manière permanente, n’est pas toujours synonyme de “résidence secondaire du cadre parti en famille”, pointe le syndicaliste qui précise bien que “c’est loin d’être la majorité”.
“Pour beaucoup, un poste télétravaillable, ça ne l’est pas forcément… Il l’est peut-être du point de vue de l’entreprise” seulement, du fait des tâches ou des moyens de travail qu’utilise le salarié, “mais il ne l’est peut-être pas du point de vue du salarié qui n’a pas forcément l’espace chez lui”, qui habite dans un petit appartement ou qui a les enfants à la maison, notamment en cette période de vacances scolaires.
“Les salariés ont envie de pouvoir revenir sur le lieu de travail”
“Quand on nous a dit qu’on pouvait utiliser une journée par semaine d’assouplissement”, afin de permettre aux salariés de revenir sur le lieu de travail, “les salariés, dans une très très grande majorité l’ont utilisée”. “C’est là que la ministre du Travail dit qu’il y a une forme de relâchement”, explique Yves Veyrier. “Ça a été utilisé un peu plus que cela parce que les salariés ont envie, en général, de pouvoir revenir sur le lieu de travail”. De plus, rappelle Yves Veyrier, “il faut s’assurer du droit à la déconnexion”.
Prévenir plutôt que réparer
L’Assemblée nationale examine en ce moment une proposition de loi sur la prévention et la santé au Travail. Elle est issue d’une négociation entre les employés et les syndicats “pour qu’on mette au cœur de la question de la santé au travail, la prévention. Et pas simplement la réparation”, revendique le secrétaire général de FO.
“Le Parlement s’est saisi de cet accord”, signé entre les syndicats et le patronat, “pour traduire dans un certain nombre de dispositions législatives ce qui doit relever de la loi”. “Nous, on va s’assurer que l’accord est bel-et-bien respecté, et qu’il est conforté et renforcé par des dispositions d’ordre public qui sont nécessaires”, assure-t-il.
“On a évité le pire”
Le gouvernement français a mis sur la table des dizaines de milliards d’euros pour aider les entreprises et éviter les licenciements. C’est un succès, pour Yves Veyrier, qui confirme que “tous les dispositifs d’activité partielle, d’appui aux trésoreries des entreprises avaient pour objectif d’éviter que les entreprises fassent comme premier choix de licencier“.
“On a évité le pire, mais il n’en demeure pas moins qu’on est à plus de 6 millions de demandeurs d’emploi”, déplore le secrétaire général de Force Ouvrière. “Les salariés payent déjà le prix fort de cette crise, que ce soit sur l’emploi, la crainte pour son emploi” ou encore “sur le pouvoir d’achat”. Notamment, les personnes en activité partielle qui perdent 16% à 20% de rémunération et dont “le loyer tombe à échéance chaque mois”, inchangé.
“Ce qui m’inquiète aujourd’hui c’est qu’on monte en épingle la question de la dette ; je ne voudrais pas que demain ce soit un prétexte pour qu’on redouble l’addition aux dépends des salariés en disant maintenant il va falloir payer le coût de la crise”, avertit le syndicaliste.
“Qu’ils continuent à prendre la main sur l’économie, et qu’on intervienne”
Yves Veyrier tient à souligner qu’il intervient “quand les entreprises utilisent la situation comme effet d’aubaine, d’accélérateur sur des plans de restructuration, des plans de suppressions d’emplois” auprès des pouvoirs publics et qu’il les alerte “sur toutes les opérations financières”. Pour Yves Veyrier, les entreprises sont “avides de toujours plus de profits boursiers et financiers”.
Les pouvoirs publics ont fortement aidé les entreprises “alors qu’ils avaient depuis longtemps démissionné“, souligne Yves Veyrier, notamment celles dont l’activité économique a été arrêtée “pour préserver la santé“. “Qu’ils continuent à prendre la main sur l’économie, et qu’on intervienne“. Pour lui, il faudrait “qu’à chaque fois qu’il y a aide publique, qu’on contrôle le comportement des entreprises, qu’on interdise les licenciements, qu’on interdise le versement de dividendes”, propose le chef de file du syndicat.
Les aides publiques débloquées se chiffrent en centaines de milliards. “Il est parfaitement légitime que les pouvoirs publics regardent de très près comment se comportent les entreprises“, ajoute Yves Veyrier.