Perpignan : les sages-femmes de l’hôpital réclament des effectifs et une reconnaissance
En ce lundi 8 mars 2021, journée internationale des droits des femmes, les professionnelles de la maternité ont organisé une opération de sensibilisation du grand public à l’entrée de l’hôpital de Perpignan. Elles exigent qu’un statut de personnel médical leur soit reconnu et réclament des embauches afin d’arriver à un ratio d’une sage-femme par accouchement.
Les sages-femmes ne pouvaient pas faire l’impasse sur le 8-Mars. La profession est à 98 % féminine. De plus, depuis janvier, les maïeuticiennes de l’Hexagone sont en lutte. Ce lundi, elles en étaient à leur quatrième mobilisation depuis le début de l’année. À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, elles ont distribué des tracts à l’entrée de l’hôpital de Perpignan afin de sensibiliser le grand public aux problèmes qu’elles rencontrent actuellement.
Le manque d’effectifs arrive en tête des doléances. “Pendant certaines gardes, nous avons jusqu’à trois patientes en travail pour une sage-femme, plus les consultations urgentes, dénonce Odile, l’une des 46 sages-femmes officiant au centre hospitalier. Les effectifs sont basés sur un décret de 1998 qui ne correspond plus à la réalité du terrain.” Fortes de ce constat, les sages-femmes plaident pour un ratio d’une professionnelle par accouchement.
Des responsabilités, mais pas le salaire qui va avec
La question du statut focalise également la colère. Car si le code de la santé publique définit la profession de sage-femme comme une profession médicale, dans les faits, les premières concernées ne sont pas considérées comme telles. Notamment en ce qui concerne leur rémunération. “Nous avons des responsabilités médicales sur le terrain, mais pas le salaire qui va avec, résume Odile. S’il y a besoin de réanimer le bébé ou si la mère fait une hémorragie de délivrance, nous sommes en première ligne en attendant l’arrivée du médecin… Nos décisions influent sur le déroulement de l’accouchement.”
Ces revendications, que partagent les sages-femmes de la France entière, trouvent un écho particulier à l’hôpital de Perpignan, qui accueille la seule maternité de niveau 3 du département. “Nous gérons les grossesses pathologiques de l’ensemble des Pyrénées-Orientales et même celles de l’hôpital de Narbonne, rappellent les sages-femmes perpignanaises. C’est une activité invisible au niveau des chiffres, mais ce sont des patientes qui nécessitent qu’on prenne plus de temps.”
Une charge de travail énorme
Le secrétaire du syndicat FO de l’hôpital, François Sanchez, qui soutient le mouvement à l’instar de l’ordre des sages-femmes des Pyrénées-Orientales, confirme. “Nous accueillons également le seul service de néo-natologie du département. Tous les bébés prématurés sont pris en charge ici, renchérit-il. La charge de travail est énorme pour les sages-femmes. Pourtant, elles sont sur les mêmes grilles salariales que dans les maternités de niveau 1.”
Également présente ce lundi, la secrétaire départementale de FO Santé, Marie-Josée Bekhtari, évoque pour sa part “un gros souci de recrutement lié au manque d’attractivité des salaires et aux conditions de travail.”
Pour mémoire, en début de carrière, le salaire d’une sage-femme s’élève à environ 1700 euros mensuels.
Arnaud ANDREU, L’indépendant