Santé : L’absentéisme se stabilise dans les collectivités, mais des arrêts toujours plus longs
Selon l’étude du courtier en assurance Sofaxis, le taux d’absentéisme pour raisons de santé dans les collectivités territoriales se stabilise à 9,2 % en 2019, comme en 2018. Conséquence de la réintroduction du jour de carence dans la fonction publique, la fréquence et l’exposition des arrêts baissent, mais leur durée augmente. Un nombre de jours d’absence en hausse continue et qui promet encore de croître dans les prochaines années.
Un absentéisme stable mais toujours élevé dans les collectivités territoriales. Comme en 2018, le taux d’absentéisme pour raisons de santé s’est établi à 9,2 % en 2019, indique Sofaxis dans sa traditionnelle étude annuelle, publiée mardi 24 novembre. Issus de l’analyse de l’absentéisme pour raisons de santé de plus de 420 000 agents publics répartis au sein de 14 800 collectivités, ces résultats couvrent la période 2014-2019, à savoir celle du dernier mandat municipal.
Les absences pour raisons de santé “donnent en 2019 une image inédite avec une stabilité de l’ensemble des indicateurs sur deux ans”, souligne ainsi le courtier en assurance. Et ce après une “longue période de progression constante”, conséquence notamment des impacts des récentes réformes territoriales sur la qualité de vie au travail.
La fréquence – le nombre d’arrêts – était ainsi la même qu’en 2018, avec 59 arrêts pour 100 agents. Idem pour l’exposition – le nombre de fois où un agent est absent dans l’année –, puisque 41 % d’entre eux ont été absents au moins une fois en 2018 et en 2019. Quant à la gravité – le nombre jours d’absence –, cet indicateur est resté “à son plus haut niveau” en 2019 avec “un peu plus de 47 jours”, comme en 2018.
Effets du jour de carence
Sans surprise, la stabilisation de ces indicateurs est la conséquence du maintien du jour de carence dans la fonction publique. Sa réintroduction en 2018, en effet, avait engendré une “baisse significative” de la fréquence et de l’exposition mais, en contrepartie, une “augmentation sensible de la gravité des arrêts”. Entre 2017 et 2018, la durée moyenne des arrêts a ainsi augmenté de 20 % (+ 8 jours environ).
“Il est assez difficile de calculer le gain direct en termes d’économies avec la réintroduction du jour de carence, explique le directeur général de Sofaxis, Vincent Lelong. Mais cette mesure, par la limitation de la quantité d’arrêts et du nombre d’agents absents, a permis d’agir sur les conséquences organisationnelles des absences courtes et répétées.” “Cela a induit une stabilisation de la qualité offerte et de la performance des services publics”, ajoute-t-il.
Augmentation prévisible de la gravité
Conséquence aussi de l’usure professionnelle et du vieillissement des agents territoriaux, la durée des absences a augmenté de 27 % entre 2014 et 2019. Cette problématique de la “gravité” “doit donc être rapidement prise à bras-le-corps”, poursuit Vincent Lelong. Ce dernier met ainsi en garde contre une évolution de cette “gravité”, en intégrant la prospective 2019-2032 réalisée par sa structure dans son étude.
“L’âge des agents et son augmentation introduisent un risque dans l’évolution attendue des absences : à savoir une augmentation de leur gravité, c’est-à-dire de leur durée mais aussi de leur coût, ces deux aspects étant en parfaite corrélation”, y développe Sofaxis. D’où l’enjeu du “pilotage du maintien dans l’emploi et de l’employabilité durable”, souligne Vincent Lelong. En 2019, les absences ont représenté un coût direct moyen de 2 152 euros par agent territorial titulaire. Un coût en hausse de 10 % depuis 2014.
Bastien SCORDIA