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Les grandes dames du syndicalisme 2e partie

Les femmes ont une place majeure dans le syndicalisme français. Pourtant, cette place reste largement invisible et il est parfois difficile de retrouver les traces de ces militantes. La recherche historique a encore beaucoup à faire dans ce domaine.

En France, les militantes, pionnières, les plus connues sont issues essentiellement de deux secteurs : le textile et l’enseignement, professions largement féminisées dès le XIXe siècle. Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas présentes ailleurs.

Suzy Chevet (1905-1972)

Cette grande militante de la CGT-FO est née Suzanne Goubard à Montjean dans le Maine et Loire. Fille d’un instituteur syndicaliste, elle entre à l’École normale. Diplômée, elle exercera peu comme institutrice. Elle travaille à Saint Malo au service de l’emploi et des auberges de jeunesses. Militante à la SFIO, elle fait partie de la tendance de Marceau Pivert (gauche du parti) et participe au Comité d’aide à l’Espagne républicaine pendant la guerre civile. Révoquée en 1941, elle entre dans la résistance. Arrêtée par les nazis en 1942, elle s’évade et se réfugie à Lorient où elle réussit à se faire embaucher comme secrétaire dans les bureaux du STO (Service du travail obligatoire), chargés d’organiser la déportation des jeunes travailleurs français vers le Reich. À ce poste stratégique, elle renseigne la résistance bretonne.

À la libération, elle devient fonctionnaire au ministère du travail. En 1947, elle rejoint « Les amis de Force ouvrière ». Au congrès fondateur de la CGT-FO, elle est élue secrétaire administrative du syndicat national FO des agents des services extérieurs du travail et de la main d’œuvre. Cette militante, engagée aussi dans des activités politiques ainsi qu’au sein d’associations aux valeurs humanistes sera présente à la plupart des congrès de FO de 1948 à 1971. Écrasée par une voiture à Port Grimaud, elle est morte à l’hôpital de Nice le 15 septembre 1972.

Jeanne Chevenard (1876-1944)

Née à Lyon, elle est brodeuse à domicile. Divorcée, avec deux enfants à charge, dès 1906, elle fonde le syndicat CGT des brodeuses. En 1913, elle est déléguée à la propagande de la CGT du Rhône. En 1917, elle est secrétaire de la Ligue féminine d’action syndicale de la CGT du Rhône et organise les grandes grèves lyonnaises de mai 1917 et janvier 1918. En mai 1918, elle devient la première femme élue secrétaire d’UD (Rhône), mais doit rendre son poste quelques mois plus tard au retour du secrétaire, démobilisé.

Elle représente le syndicat de l’habillement du Rhône aux congrès de la CGT en 1919 et 1920. En 1921, elle rejoint Jouhaux dans sa lutte contre les Unitaires. Dans les années 1920-1930, c’est la figure de proue du syndicat de l’habillement de la CGT. Au 18° congrès de la CGT en 1925, elle présente un rapport sur la protection de la femme et de l’enfance. Devenue la grande spécialiste des questions féminines à la CGT, elle défendra son programme de congés pré et post natals et des indemnisations et soins gratuits pendant la grossesse, aux congrès de 1929, 1931 et 1933.

En septembre 1929, elle est nommée déléguée à la propagande de la CGT. En juillet 1930, elle accompagne Jouhaux au 5° congrès de la Fédération syndicale mondiale à Stockholm. Elle collabore alors régulièrement au quotidien de la centrale, Le Peuple, et à La Femme socialiste. En 1932, elle fonde et dirige à Lyon le foyer « Le réconfort », lieu d’entraide pour les femmes en difficulté. Elle sera farouchement anti-stalinienne, de 1936 à 1939, au sein de la CGT réunifiée. Hélas, Jeanne Chevenard va se fourvoyer avec le régime de Vichy et travailler avec René Belin. Le 29 juin 1944, elle est abattue dans son jardin de Vénissieux.

Jeanne Martin (1910- sans date)

Née dans le XXe arrondissement de Paris, elle est coupeuse dans la confection et adhère très jeune à la CGT. En 1936, elle est élue secrétaire du syndicat CGT de la confection pour dames et organise les grèves de 36 dans ce secteur. Elle participe à la signature de la convention générale de la confection pour dames en juin 1936 et devient membre de la Commission administrative de la Fédération CGT de l’habillement. Mais gravement malade, elle ne sollicite pas le renouvellement de son mandat en août 1939. Elle a milité aux côtés de Jeanne Boulande, membre de la direction du syndicat CGT des ouvriers et ouvrières du vêtement imperméable de la Seine et Georgette Edelstein de la direction du syndicat de la confection pour dames de la Seine.

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